Plantation de CHÊNES au CHANEY
Casnus en latin populaire puis Chagne en vieux français, le chêne est prédestiné à la forêt du « Chaney ».
C’est certainement l’arbre qui a donné le nom au lieu, mais c’était il y a longtemps. Entre-temps, le massif est principalement constitué de résineux, essence à croissance rapide et économiquement rentable plantée abondamment au cours du siècle dernier.
Mais le résineux implanté en basse altitude a ses fragilités: avec des températures à la hausse et des épisodes de sécheresse récurrents, il ne résiste pas bien à la présence du bostryche pour qui il est un lieu de reproduction privilégié. Les « sujets » touchés meurent et sont alors abattus. On parle de « foyers » de bostryches lorsque qu’un groupe d’arbres est concerné, ce qui est généralement le cas puisque l’insecte se déplace en essaim.
Au Chaney, ce scénario a donné lieu à une « trouée » ; le garde-forestier avait espéré un rajeunissement naturel (sans intervention humaine), mais la ronce n’a laissé aucune chance aux jeunes pousses d’arbres et le secteur avait de la peine à reprendre de la vigueur.
Ainsi, décision a été prise de procéder à une plantation. Le choix du chêne est motivé par la résistance de cette essence au changement climatique, combinée à sa capacité à produire du bois de valeur. L’aspect paysager et ses atouts en termes de biodiversité sont aussi des éléments déterminants.
Des chênes rouvres (sur la partie plus sèche) et des chênes pédonculés (dans la partie basse vers le biotope) sont plantés en « cellules », c’est-à-dire en groupe de 12 arbres: 4 plants sur un premier cercle central, puis 8 les entourant sur un deuxième cercle. En périphérie, un troisième cercle de 8 arbres est ajouté: ceux-ci sont des charmes et vont servir à élaguer les chênes. L’ombre des charmes en fera mourir les branches basses afin d’améliorer la qualité du bois à récolter. A moyen terme, le prélèvement des charmes fournira du bois-énergie (bois de déchiquetage pour les centrales de chauffages à plaquettes forestières) doté d’un excellent pouvoir calorifique.
Cette manière de procéder permet une structuration optimale des peuplements avec un rajeunissement naturel s’implantant petit à petit entre les cellules, distancées en leur centre d’environ 13 mètres.
A terme, l’objectif est de conserver un arbre d’élite à distance définitive (soit 1 gros chêne tous les 13m) accompagné de « sous-étage » (charme et rajeunissement naturel).
La forêt du Chaney, propriété de l’Etat de Fribourg, est située sur le territoire de Corpataux dans la commune de Gibloux à 700 mètres d’altitude sur des dépôts fluvioglaciaires.
La plantation a été réalisée en avril 2023 par l’équipe de la région 4 (centre forestier d’Ecuvillens), sous la supervision du garde-forestier Yvan Gendre.
(texte & image : md fankhauser)
