Le Château d’ARCONCIEL mis en lumière
Si châtelaines et châtelains ont déserté les lieux depuis belle lurette, il faut maintenant en déloger les nouveaux conquérants
Depuis le néolithique, le site d’Arconciel a connu une occupation quasi ininterrompue pendant près de 7’000 ans.
Attesté dès l’an 1082, le castrum Arconciacum et son bourg médiéval connaissent leur apogée aux XIIème et XIIIème siècles. Ils contrôlent alors l’accès privilégié à un passage sur la Sarine, lequel représentera pendant longtemps une frontière linguistique entre la partie germanophone, à droite de la rivière, et celle francophone, à gauche.
Construit à l’image d’autres sites de même fonction et de même nature, c’est-à-dire à l’intérieur d’un méandre serré et au sommet de falaises escarpées servant de défenses naturelles, le bourg ne survivra pas à la concurrence de la ville de Fribourg. Abandonné avant le milieu de XVème siècle, il a servi de carrière à divers chantiers d’églises de campagne et de bâtiments dans la ville rivale. L’érosion des falaises de molasse a partiellement emporté les façades des deux rangs de maisons (voir plan). La végétation a poussé ; épicéas, hêtres et pins se sont implantés, masquant de plus en plus les vestiges et causant des dégâts inhérents à la croissance des racines.
Mais les ruines, pourtant cachées derrière ces nouveaux conquérants dont certains culminaient à plus de 30 mètres du sol, ont finalement su se faire remarquer. D’abord rattachées à un domaine agricole puis cédées il y a quelques années à la commune d’Arconciel (Bois d’Amont par fusion), elles ont enthousiasmé des amoureux de vieilles pierres, lesquels ont fondé en 2018 l’association Arconciacum. C’est à ces gardiens du patrimoine archéologique et historique d’Arconciel que la commune a confié d’entreprendre et d’assurer le suivi des travaux de sauvegarde et d’entretien du Bourg d’Arconciel, ainsi que leur financement.
Le mandat attribué à FORÊTS-SARINE a consisté en des travaux de déboisement avec pour objectif la mise en valeur des vestiges, ceci en portant le moins d’atteinte possible au site. Travaillant en étroite collaboration avec le Service archéologique de l’Etat de Fribourg SAEF, Yvan Gendre, garde-forestier, a su libérer les tours, prises d’assaut par les arbres, tout en les laissant intactes. Nécessitant des abattages en falaise et sur des pans de murs chancelants, l’intervention a demandé finesse et doigté. L’équipe forestière, complétée par deux arboristes et un entrepreneur, a recueilli un volume total de 200 m3 de bois. Afin de préserver les sols et sous-sol comportant encore des restes d’histoire et pour des raisons d’accessibilité et de sécurité, les billons ont dû être sortis de la forêt sans engin lourd, ce qui a nécessité une quarantaine d’allers-retours jusqu’en lisière.
La Tour d’Entrée, la Tour de Guet et la Tour Occidentale sont maintenant bien en vue des promeneuses et promeneurs et trônent fièrement au cœur d’un milieu naturel un brin maîtrisé.
Il est maintenant question que les façades reçoivent quelques interventions de stabilisation des maçonneries existantes, mais sans but de reconstruction.
- Visitez le site d’Arconciacum, très bien documenté!
- Travaux réalisés par Forêts-Sarine de novembre 2022 à janvier 2023
- Photos : juin 2023, après déboisement et mise en valeur du site (pour un agrandissement de l’image, cliquez dessus)
(texte & images : md fankhauser)