Une forêt de… POUTRES! Visite des charpentes de St-Nicolas
Bûcherons et charpentiers, la famille des métiers du bois
Qu’est-ce qui amène un groupe de bûcherons dans une cathédrale?
Ce 13 décembre 2023, le personnel de Forêts-Sarine a rendez-vous avec Bruno Fischer sur le parvis de la cathédrale de Fribourg. Y ayant officié en tant que sacristain pendant plus de 20 ans, il connaît la grande dame dans ses moindres détails. D’autant plus que, dessinateur en bâtiment et génie civil de formation, il est un passionné de constructions. Aujourd’hui à la retraite, il fait visiter, sur demande et en collaboration avec Fribourg Tourisme, les combles de la bâtisse médiévale. Ces lieux, inaccessibles au grand public, sont en effet témoins d’une grande maîtrise technique.
Les fondations
Nous débutons la visite au rez-de-chaussée, dans la nef. L’édifice, dont la construction a débuté en 1283, est bâti sur un site celtique : ceci est attesté par la présence, sur une colonne, de personnages mi-hommes mi-animaux typiques de cette mythologie. Terminé vers 1490, St-Nicolas est alors une église. Elle ne devient cathédrale qu’en 1924, proclamée siège du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg.
Un enchevêtrement parfaitement ordré
Nous empruntons ensuite le fameux escalier en colimaçon de la tour, et nous arrêtons au 2ème étage. C’est d’ici que l’on peut admirer le travail des charpentiers d’il y a quelques 600 ans. La première partie de la charpente a été réalisée entre 1409 et 1411. Elle a été remaniée en 1430 pour être définitivement terminée entre 1480 et 1490, soit après la bataille de Morat.
L’enchevêtrement des poutres de résineux est une œuvre d’art; la densité de la poutraison est si abondante qu’on devine avec peine le faîte du toit. «Vous comprenez maintenant pour quelles raisons des classes de charpentiers viennent ici en visite chaque année», lance Bruno Fischer, entre savoureuses anecdotes et commentaires admiratifs envers les constructeurs de l’époque. «Dans le bâtiment, on n’a plus rien inventé depuis le gothique!»
Technique de levage et d’élévation
Mais comment les bâtisseurs ont-ils tracté les matériaux au fur à mesure de l’élévation de la construction? Avec une grue! Celle-ci se présente sous la forme d’une roue géante en bois: les spécialistes grutiers la faisaient fonctionner en y marchant à l’intérieur, tels des hamsters. La construction est terminée mais plusieurs grues sont encore en place à l’intérieur du bâtiment.
Vers l’au-delà
Nous continuons notre ascension vers le beffroi abritant les 13 cloches de Saint-Nicolas. Il est constitué d’une tour en bois indépendante de la tour en pierre afin que celle-ci ne vibre pas lorsque les cloches sonnent. Assemblé de chêne – la meilleure essence pour cet usage, le beffroi porte les cloches dont le poids peut dépasser plusieurs tonnes. Ainsi le bourdon de Saint-Nicolas, qui a plus de 500 ans, en fait 7, pour 2,2 mètres de diamètre. Viennent ensuite les cloches de Sainte Catherine – patronne secondaire de la ville – avec ses 3,5 tonnes et celle de Sainte Barbe, 2 tonnes.
Pour l’éternité !
Et tout ça tient depuis plus de cinq siècles, sans grands travaux d’assainissement… «Hormis quelques pièces changées lors de la restauration de la toiture en 1999-2000, tout est d’origine», résume le guide.
Nos bûcherons ont-ils apprécié la visite? A en croire leur attention et questions, il semble bien que oui…
Couper des arbres pour l’éternité, un bien beau métier!