octobre 2025

Visite d’une CHÊNAIE plantée à la suite de LOTHAR

En préambule de l’AG du budget 2026, les délégués aux forêts des entités membres de Forêts-Sarine ont été invités à la visite d’une parcelle reconstituée à la suite du passage de l’ouragan LOTHAR en 1999. Vingt-six ans plus tard, une jeune chênaie s’épanouit grâce au travail minutieux des professionnels de la forêt.

Une parcelle ravagée

Le secteur, situé à l’arrière du centre forestier de Belfaux, a été particulièrement touché; au lendemain de la tempête, il ne reste plus un arbre debout. Le peuplement d’épicéas, planté en 1910, n’a pas résisté.

On repart de zéro

A ce moment, la pratique forestière est en pleine évolution: on a pris conscience de la vulnérabilité des monocultures d’épicéas en plaine et la thématique du changement climatique commence à intervenir dans les décisions.

Ainsi, ce sont des chênes pédonculés provenant de semences locales (Monteynan) qui sont plantés. Cette essence, adaptée aux sols et au climat de la région, résiste aux périodes de sécheresse et aux températures élevées, tout en garantissant un bois de qualité.

Commence alors un travail de patience

Les 25 premières années

La plantation a été réalisée sous forme de petits groupes composés de sept chênes et d’une dizaine de charmes disposés en périphérie, chacun séparé d’environ quinze mètres — la distance à laquelle se tiendront les futurs arbres adultes. Afin de protéger les jeunes plants des dégâts causés par le gibier, notamment les chevreuils, une clôture a été installée puis retirée après douze ans, lorsque les arbres ont atteint une taille suffisante.

Durant les premières années, un travail considérable de dégagement a été mené : les forestiers ont effectué plusieurs fauchages pour contenir la ronce, puis éliminé les espèces pionnières comme les saules ou les bouleaux, trop concurrentielles pour les jeunes chênes.

Après une quinzaine d’années de soins attentifs, les forestiers ont sélectionné, au sein de chaque groupe, l’arbre le plus vigoureux et le mieux conformé pour devenir un futur « arbre d’avenir ».

L’art de l’élagage ou la valorisation artisanale des tiges les plus prometteuses

Sébastien Krieger, contremaître, explique que l’élagage constitue une étape essentielle pour produire du bois de qualité et assurer la stabilité du peuplement. Il est effectué progressivement, à différents stades de croissance, pour favoriser les tiges les plus prometteuses. Sans interventions régulières, les arbres deviendraient trop fins.

Idéalement, les branches basses des « élus » sont coupées jusqu’à environ 7 mètres, en conservant un tiers de la couronne pour permettre à l’arbre de continuer à se développer sainement. Réalisé avec une échelle et une petite tronçonneuse, ce travail garantit des billes droites et sans nœuds, idéales pour le sciage.

« Si on ne l’éduque pas, l’arbre va partir dans tous les sens et va devenir ce qu’on appelle, dans le jargon, « un pommier ». On le voit bien par exemple dans les champs, où les chênes ont des couronnes impressionnantes, avec des grosses branches charpentières. Mais ce n’est pas ce que recherche le forestier ».

Jeune futaie et introduction de la mécanisation

Aujourd’hui, la chênaie est au stade de jeune futaie. Après un quart de siècle d’interventions « manuelles », Forêts-Sarine peut introduire cette année l’exploitation mécanisée sur quatre hectares. Les forestiers vont ainsi ouvrir les layons pour permettre le passage des machines.

Si jusque-là les interventions n’ont été que pur investissement, cette étape permet de réaliser un premier rendement: les tiges récoltées pourront être mises en valeur sous forme de plaquettes pour l’alimentation des installations de chauffage à distance. Cette sélection va apporter de la lumière aux plus beaux spécimens restés sur pied, leur permettant de poursuivre harmonieusement leur croissance.

Une histoire locale et durable

Ces chênes s’inscrivent dans une tradition régionale. Certaines chênaies centenaires, comme à Belle-Croix, ont été utilisées pour fabriquer les douves de tonneaux des brasseries locales, illustrant le lien entre patrimoine forestier et production de bois de qualité. Aujourd’hui, ce savoir-faire se poursuit grâce à une gestion rigoureuse, qui combine techniques modernes et respect de la nature.

A terme

Le travail de sélection et d’entretien va se poursuivre encore longtemps.

« Dans cent ans, ces chênes seront majestueux. Ce que nous faisons aujourd’hui, c’est préparer un patrimoine exceptionnel pour l’avenir », conclut Bertrand Zamofing, garde-forestier.

25.09.2025: Sébastien Krieger explique aux représentants communaux les différents soins apportés au fil des ans à la chênaie plantée en 2000 à la suite de l’ouragan LOTHAR